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				|  DU BREVET AU BAC
 Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
 
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		| Prépabac, examen2017 Administrateur
 
  
 
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				|  Sujet: L'absurde chez Camus, extraits de textes  Jeu Jan 13, 2011 11:32 pm |   |   
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				| Extraits de textes : l'absurde chez Camus
 
 
 
 Extrait n°1 : Le suicide (Le Mythe de Sisyphe, 1942)
 
 Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la
 peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois
 dimensions, si l'esprit a neuf ou douze catégories, vient ensuite. Ce sont des jeux ; il faut d'abord répondre. Et s'il est
 vrai, comme le veut Nietzsche, qu'un philosophe, pour être estimable, doive prêcher d'exemple, on saisit l'importance
 de cette réponse puisqu'elle va précéder le geste définitif. Ce sont là des évidences sensibles au coeur, mais qu'il faut
 approfondir pour les rendre claires à l'esprit.
 Si je me demande à quoi juger que telle question est plus pressante que telle autre, je réponds que c’est aux actions
 qu’elle engage. Je n’ai jamais vu personne mourir pour l’argument ontologique. Galilée, qui tenait une vérité
 scientifique d’importance, l’abjura le plus aisément du monde dès qu’elle mit sa vie en péril. Dans un certain sens, il
 fit bien. Cette vérité ne valait pas le bûcher. Qui de la Terre ou du Soleil tourne autour de l’autre, cela est
 profondément indifférent. Pour tout dire, c’est une question futile. En revanche, je vois que beaucoup de gens
 meurent parce qu’ils estiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. J’en vois d’autres qui se font
 paradoxalement tuer pour les idées ou les illusions qui leur donnent une raison de vivre (ce qu’on appelle une raison
 de vivre est en même temps une excellente raison de mourir). Je juge donc que le sens de la vie est la plus pressante
 des questions.
 
 Extrait n°2 : L’absurde (Le Mythe de Sisyphe, 1942)
 
 Il arrive que les décors s'écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d'usine, repas, tramway, quatre
 heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se
 suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, le « pourquoi » s'élève et tout commence dans cette lassitude
 teintée d'étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais
 elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l'éveille et elle provoque la suite. La suite, c'est le
 retour inconscient dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif. Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence :
 suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d'écoeurant. Ici je dois conclure qu'elle est bonne. Car
 tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Ces remarques n'ont rien d'original. Mais elles sont
 évidentes : cela suffit pour un temps, à l'occasion d'une reconnaissance sommaire dans les origines de l'absurde. Le
 simple « souci » est à l'origine de tout.
 De même et pour tous les jours d'une vie sans éclat, le temps nous porte. Mais un moment vient toujours où il faut
 le porter. Nous vivons sur l'avenir : « demain », « plus tard », « quand tu auras une situation », « avec l'âge tu
 comprendras ». Ces inconséquences sont admirables, car enfin il s'agit de mourir. Un jour vient pourtant et l'homme
 constate ou dit qu'il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. Il y
 prend sa place. Il reconnaît qu'il est à un certain moment d'une courbe qu'il confesse devoir parcourir. Il appartient au
 temps et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi. Demain, il souhaitait demain, quand tout luimême
 aurait dû s'y refuser. Cette révolte de la chair, c'est l'absurde.
 Un degré plus bas et voici l'étrangeté : s'apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel point une pierre est
 étrangère, nous est irréductible, avec quelle intensité la nature, un paysage peut nous nier. Au fond de toute beauté gît
 quelque chose d'inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d'arbres, voici qu'à la minute même, ils
 perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu'un paradis perdu. L'hostilité primitive du
 monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant
 des siècles nous n'avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque
 désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu'il redevient lui-même.
 Ces décors masqués par l'habitude redeviennent ce qu'ils sont. Ils s'éloignent de nous. De même qu'il est des jours où,
 sous le visage familier d'une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu'on avait aimée il y a des mois ou des
 années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n'est pas encore venu.
 Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c'est l'absurde.
 
 Extrait n°3 : La révolte (extrait de L’Homme révolté, 1951)
 
 Voici le premier progrès que l'esprit de révolte fait faire à une réflexion d'abord pénétrée de l'absurdité et de
 l'apparente stérilité du monde. Dans l'expérience absurde, la souffrance est individuelle. À partir d'un mouvement de
 révolte, elle a conscience d'être collective, elle est l'aventure de tous. Le premier progrès d'un esprit saisi d'étrangeté
 est donc de reconnaître qu'il partage cette étrangeté avec tous les hommes et que la réalité humaine, dans sa totalité,
 souffre de cette distance par rapport à soi et au monde. Le mal qui éprouvait un seul homme devient peste collective.
 Dans l'épreuve quotidienne qui est la nôtre, la révolte joue le même rôle que le cogito dans l'ordre de la pensée : elle
 est la première évidence. Mais cette évidence tire l'individu de sa solitude. Elle est un lieu commun qui fonde sur tous
 les hommes la première valeur. Je me révolte, donc nous sommes.
 
 
 
 
 
 
 A consulter :
 
 
 Autres études sur la foi métaphysique chez Camus :
 
 Document 1 :
 Introduction à la foi métaphysique camusienne
 http://docremuneres.forumparfait.com/essai-philosophique-sur-camus-la-foi-metaphysique-vt1289.html
 Document 2 :
 Le messianisme terrestre ou le salut au sein de la terre et du devenir
 Le paradis d’origine
 http://docremuneres.forumparfait.com/le-messianisme-terrestre-ou-le-salut-au-sein-de-la-terre-vt1292.html
 Document 3
 Les Dieux terrestres chez Camus
 http://camusoulafoimetaphysique.blogspot.com/2010/10/les-dieux-terrestres-le-messianisme.html
 Document 4
 Meursault, l'antéchrist
 http://camusoulafoimetaphysique.blogspot.com/2010/10/camus-ou-la-foi-metaphysique-meursault.html
 Document 5
 http://camusoulafoimetaphysique.blogspot.com/2010/10/le-messianisme-terrestre-ou-le-salut-au.html
 
 Autres études sur le thème de Dieu, la religion, la foi, la croyance et thèmes associés
 
 Le concept de Dieu, la foi, la croyance
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/06/le-concept-de-dieu-la-foi-la-croyance.html
 La religion
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/06/preparation-du-bac-philosophie-les.html
 Une forme de connaissance de Dieu est elle possible?
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/05/une-forme-de-connaissance-de-dieu-est.html
 Textes sur la religion
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/05/une-forme-de-connaissance-de-dieu-est.html
 La culture, la religion, la foi
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/01/la-culture-la-religion-la-foi.html
 Liberté et causalité
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/01/articles-philosophiques.html
 La foi doit elle primer sur la raison?
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/06/sentrainer-la-dissertation-de.html
 Croire est ce renoncer à l'usage de la raison?
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/06/sentrainer-lexercice-du-plan.html
 La religion civile de Jean Jacques Rousseau
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/06/la-religion-civile-de-jean-jacques.html
 Le sens de la vie, deux conférences, thèmes associés
 http://bacphilo.blogspot.com/2010/06/preparer-le-bac-de-philosophie.html
 La question de Dieu et de la liberté
 http://corrigesdubac.blogspot.com/2010/04/la-question-de-dieu-et-de-la-liberte.html
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