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				|  DU BREVET AU BAC
 Préparation au brevet et au bac de français, philosophie et HLP
 
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		| Bacfrançais, prof  1ère Administrateur
 
  
 
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				|  Sujet: DOcuments sur la modernité en poésie  Mer Nov 07, 2012 9:51 pm |   |   
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				| Documents sur la modernité en poésie 
 
 
 Document 1
 Extrait de la conférence « L’Esprit nouveau et les poètes » prononcée par Apollinaire le 26 novembre
 1917 au théâtre du Vieux-Colombier à Paris.
 Mais le nouveau existe bien, sans être un progrès. Il est tout dans la surprise. L’esprit nouveau est également dans la
 surprise. C’est ce qu’il y a en lui de plus vivant, de plus neuf. La surprise est le grand ressort nouveau. C’est par la
 surprise, par la place importante qu’il fait à la surprise que l’esprit nouveau se distingue de tous les mouvements
 artistiques et littéraires qui l’ont précédé.
 …
 Tant que les avions ne peuplaient pas le ciel, la fable d’Icare n’était qu’une vérité supposée. Aujourd’hui ce n’est
 plus une fable. Et nos inventeurs nous ont accoutumés à des prodiges plus grands que celui qui consisterait à déléguer
 aux hommes la fonction qu’on les femmes de faire des enfants. Je dirai plus, les fables s’étant pour la plupart réalisées
 et au-delà, c’est au poète d’en imaginer de nouvelles que les inventeurs puissent à leur tour réaliser.
 L’esprit nouveau exige qu’on se donne de ces tâches prophétiques. C’est pourquoi vous trouverez trace des prophétie
 dans la plupart des ouvrages conçus d’après l’esprit nouveau. Les jeux divins de la vie et de l’imagination donnent
 carrière à une activité poétique toute nouvelle.
 C’est que poésie et création ne sont qu’une même chose ; on ne doit appeler poète que celui qui invente, celui qui
 crée, dans la mesure où l’homme peut créer. Le poète est celui qui découvre de nouvelles joies, fussent-elles pénibles à
 supporter. On peut être poète dans tous les domaines : il suffit que l’on soit aventureux et que l’on aille à la découverte.
 …
 Le moindre fait est pour le poète le postulat, le point de départ d’une immensité inconnue où flambent les feux de
 joie des significations multiples.
 Il n’est pas besoin pour partir à la découverte de choisir à grand renfort de règles, même édictées par le goût, un fait
 classé comme sublime. On peut partir d’un fait quotidien : un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier avec
 lequel il soulèvera tout un univers. On sait ce que la chute d’une pomme vue par Newton fut pour ce savant que l’on
 peut appeler un poète. C’est pourquoi le poète d’aujourd’hui ne méprise aucun mouvement de la nature, et son esprit
 poursuit la découverte aussi bien dans les synthèses les plus vastes et les plus insaisissables : foules nébuleuses, océans,
 nations, que dans les faits en apparence les plus simples : une main qui fouille une poche, une allumette qui s’allume par
 le frottement, des cris d’animaux, l’odeur des jardins après la pluie, une flamme qui naît dans un foyer. Les poètes ne
 sont pas seulement les hommes du beau. Ils sont encore et surtout les hommes du vrai, en tant qu’il permet de pénétrer
 dans l’inconnu, si bien que la surprise, l’inattendu, est un des principaux ressorts de la poésie d’aujourd’hui. Et qui
 oserait dire que, pour ceux qui sont dignes de la joie, ce qui est nouveau ne soit pas beau ! …
 L’esprit nouveau est avant tout ennemi de l’esthétisme, des formules et de tout snobisme. Il ne lutte point contre
 quelque école que ce soit, car il ne veut pas être une école, mais un des grands courants de la littérature englobant toutes
 les écoles, depuis le symbolisme et le naturalisme. Il lutte pour le rétablissement de l’esprit d’initiative, pour la claire
 compréhension de son temps et pour ouvrir des vues nouvelles sur l’univers extérieur et intérieur qui ne soient pas
 inférieures à celles que les savants de toutes catégories découvrent chaque jour et dont ils tirent des merveilles.
 Guillaume Apollinaire, « L’Esprit nouveau et les poètes », OEuvres en prose complètes, tome II, Gallimard,
 « Bibliothèque de la Pléiade », 1991 (extrait des pages 949 à 954).
 
 
 Document 2
 Dans une étude de l’oeuvre du peintre Constantin Guys, Baudelaire définit sa conception de la modernité
 artistique, qui inspirera de nombreux poètes et artistes.
 Il s’agit, pour lui le « peintre de la vie moderne » de dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans
 l’historique, de tirer l’éternel du transitoire. …
 La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et
 l’immuable. … Cet élément transitoire, fugitif, dont les métamorphoses sont si fréquentes, vous n’avez pas le droit de
 le mépriser ou de vous en passer. En le supprimant, vous tombez forcément dans le vide d’une beauté abstraite et
 indéfinissable, comme celle de l’unique femme avant le premier péché.
 Charles Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne, 1863.
 
 
 Document 3
 … Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
 Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de
 souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences.
 Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le
 grand criminel, le grand maudit – et le suprême Savant ! – Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà
 riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a
 vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innommables : viendront d’autres horribles
 travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé ! … Donc le poète est vraiment voleur de feu.
 Il est chargé de l’humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu’il
 rapporte de là-bas a forme, il donne forme ; si c’est informe, il donne de l’informe. Trouver une langue ; … Cette
 langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Le
 poète définirait la quantité d’inconnu s’éveillant en son temps dans l’âme universelle ; il donnerait plus – que la formule
 de sa pensée, que la notion de sa marche au Progrès ! Enormité devenant norme, absorbée par tous, il serait vraiment un
 multiplicateur de progrès !
 …
 L’art éternel aurait ses fonctions, comme els poètes sont citoyens. La Poésie ne rythmera plus l’action : elle sera en
 avant.
 … En attendant, demandons au poètes du nouveau – idées et formes.
 Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny (dite « Lettre du Voyant ») du 15 mai 1871.
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